par Iain Davis
Dans la première partie, nous avons examiné le récit officiel de l'attaque du Hamas du 7 octobre. Outre un barrage de roquettes sur plusieurs cibles et des assauts maritimes, environ 2900 «terroristes» affiliés au Hamas ont franchi simultanément les défenses israéliennes «Iron Wall» (mur de fer) entourant Gaza à 29 endroits différents. Les «terroristes» ont détruit toutes les infrastructures de communication vitales et les positions stratégiques clés israéliennes, laissant ainsi les défenses israéliennes incapables de réagir pendant de nombreuses heures. L'attaque a surpris les services de renseignement israéliens, qui ont été pris au dépourvu par l'ampleur et la rapidité de l'attaque du Hamas.
Avant de commencer à examiner les preuves révélant l'absurdité du récit officiel, nous devons nous arrêter un instant pour réfléchir à la signification du mot «terroriste».
Il n'existe pas de définition claire du «terrorisme» en droit international. Le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme et la lutte contre le terrorisme, le professeur Ben Saul, souligne que «le sens ordinaire du terrorisme est simple : une peur extrême». Alors pourquoi l'attaque du Hamas est-elle considérée comme un acte de terrorisme, tandis que les bombardements israéliens sur des enfants palestiniens dans leurs écoles, leurs camps de réfugiés et leurs lits d'hôpitaux sont qualifiés d'actes de guerre ?
Saul note que le consensus intergouvernemental définit le terrorisme comme «une violence criminelle visant à intimider une population ou à contraindre un gouvernement ou une organisation internationale ; certaines lois nationales ajoutent une intention spécifique supplémentaire, celle de faire avancer une cause politique, religieuse ou idéologique». Comme le Hamas représente le gouvernement du peuple palestinien de Gaza, le meurtre de milliers d'enfants palestiniens par le gouvernement israélien est, par définition, «une violence criminelle visant à intimider une population [et] à contraindre un gouvernement». Si le droit international avait un sens, la réponse israélienne à l'attaque du Hamas serait également qualifiée d'acte de «terrorisme».
Ce n'est bien sûr pas le cas, car le «droit international» n'est qu'un bâton fabriqué de toutes pièces et brandi par les puissants pour opprimer qui bon leur semble. Il permet aux gouvernements de revendiquer l'«autorité légale» de tuer sans discernement. Lorsqu'ils ne peuvent obtenir cette approbation «légale», les gouvernements les plus puissants n'en tiennent pas compte et assassinent quand même des gens.
Au fil des ans, le gouvernement israélien a complètement ignoré de nombreuses résolutions contraignantes et non contraignantes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies. Et alors ? Cela ne signifie rien. L'application et le respect du «droit international» sont aussi arbitraires que la désignation des groupes terroristes. Le consensus intergouvernemental sur le «terrorisme» est donc une construction purement politique et propagandiste. «La force fait le droit» : voilà toute la portée de ce charabia juridique international, et des étiquettes telles que «terroriste» sont collées à certains agresseurs violents, mais pas à d'autres, pour des raisons purement propagandistes.
Cela n'excuse pas les massacres, tels que ceux perpétrés par le Hamas lors de son attaque du 7 octobre. Il s'agit simplement de souligner que qualifier l'attaque du Hamas de «terrorisme» tout en refusant de qualifier la barbarie israélienne de «terrorisme» est tellement hypocrite que cela rend tout le concept de «terrorisme» caduc. Soit nous appliquons la désignation de terroriste à tous ceux, y compris les gouvernements, qui massacrent systématiquement des innocents pour semer la «peur extrême», soit nous ne l'appliquons à personne.
Attaque du Hamas : échecs des services de renseignement ?
En octobre 2024, le Combating Terrorism Center (CTR) de l'académie militaire américaine de West Point a publié une analyse des «échecs» des services de renseignement israéliens qui auraient conduit à l'attaque «surprise» du Hamas le 7 octobre. L'analyse du CTR nous fournit un compte rendu officiel assez complet :
«Les dirigeants du Hamas eux-mêmes ont souligné la surprise du groupe face à la facilité avec laquelle ses agents ont franchi la barrière séparant la bande de Gaza d'Israël, ainsi que la lenteur de la réponse israélienne. (...) Israël a mal interprété les intentions du Hamas. (...) Le Shin Bet [services de renseignement intérieurs israéliens - ISA] était principalement responsable du renseignement humain (HUMINT) à Gaza et la Direction du renseignement militaire israélien (AMAN) du renseignement d'origine électromagnétique (SIGINT). Israël avait réussi à recueillir certaines informations qui auraient pu être considérées comme des indices laissant présager l'attaque. (...) Plus d'un an avant le 7 octobre, l'armée israélienne aurait été en possession d'un document, le dossier «Jericho Wall», qui décrit un plan d'invasion d'Israël correspondant en grande partie aux événements du 7 octobre. (...). En juillet 2023, un sous-officier de l'unité 8200 SIGINT de l'AMAN a averti qu'un exercice récent du groupe «suivait de près le plan Jericho Wall et que le Hamas était en train de se doter des moyens nécessaires pour le mettre en œuvre». (...) La division de Gaza a ensuite préparé un document avertissant que le Hamas prévoyait une invasion à grande échelle et avait l'intention de prendre jusqu'à 250 otages. (...) L'unité 8200 a envoyé un autre avertissement à plusieurs officiers de l'armée israélienne quelques jours avant le 7 octobre, les exhortant à se préparer afin de minimiser l'impact de l'attaque attendue. (...) Le chef de l'unité «Devil's Advocate» (avocat du diable) ou «Red Team» (équipe rouge) de l'AMAN (...) a émis quatre avertissements au cours des trois semaines précédant le 7 octobre, indiquant que le Hamas (...) Ni le Shin Bet ni l'AMAN n'ont été en mesure de détecter d'autres indicateurs et activités suspectes. (...) L'incapacité d'Israël à détecter les attaques imminentes n'était pas le résultat d'un seul échec flagrant, mais plutôt le résultat de multiples problèmes à différents niveaux et dans les divers services de renseignement et les hautes sphères politiques et militaires».
Le récit officiel est donc que, malgré la quantité franchement massive de renseignements suggérant qu'une attaque était imminente, de multiples «échecs» des services de renseignement se sont combinés pour permettre au Hamas de franchir les défenses du Mur de fer [mur de la prison de Gaza] et de mener son attaque. L'observation du CTR selon laquelle «ni le Shin Bet ni l'AMAN n'ont été en mesure de détecter des indicateurs supplémentaires» est sans intérêt. Les agents du Shin Bet et de l'AMAN ont tous deux donné de nombreux avertissements et fourni des renseignements assez précis suggérant qu'une attaque était imminente. Pourquoi aurait-il fallu des «indicateurs supplémentaires» ?
Comme l'a rapporté le New York Times et mentionné par le CTR, en avril 2022, les services de renseignement militaire de l'armée israélienne (AMAN) avaient mis la main sur un plan stratégique du Hamas que l'AMAN avait baptisé «Jerricho Wall». Il s'agissait du plan directeur de l'attaque du Hamas. Le NYT a rapporté :
Le Hamas a suivi le plan directeur [Jericho Wall] avec une précision choquante. Le document prévoyait un barrage de roquettes au début de l'attaque, des drones pour détruire les caméras de sécurité et les mitrailleuses automatiques le long de la frontière, et des hommes armés envahissant Israël en masse en parapente, à moto et à pied - tout cela s'est produit le 7 octobre.
Le 12 septembre, quatre semaines avant l'attaque, le Hamas a produit sa vidéo habituelle d'entraînement «Strong Pillar». Bien qu'il s'agisse d'un événement de propagande annuel du Hamas, cette vidéo montrait néanmoins l'entraînement du Hamas pour «Jerricho Wall». L'Associated Press a rapporté que la vidéo montrait le Hamas :
Utilisant des explosifs pour faire sauter une réplique de la porte frontalière, envahissant les lieux à bord de camionnettes, puis se déplaçant bâtiment par bâtiment à travers une reconstitution à taille réelle d'une ville israélienne, tirant avec des armes automatiques sur des cibles en papier représentant des silhouettes humaines.
Que personne au sein des services de renseignement israéliens n'ait pris cela au sérieux revient à pousser la plausibilité de l'«échec» à son paroxysme. Mais même si cela était attribuable à des échecs, suggérer que l'attaque du Hamas a été une «surprise» est idiot.
La Jewish Virtual Library a rapporté que le chef des services de renseignement de l'armée israélienne, Aharon Ze'evi-Farkash, a reconnu que «Jerricho Wall» révélait que «le Hamas n'était pas dissuadé». Pourtant, en juillet 2023, lorsqu'un officier de l'unité 8200 de l'AMAN a déclaré que les exercices d'entraînement qui ressemblaient à «Jerricho Wall» s'intensifiaient, ajoutant qu'ils ne semblaient pas être la préparation d'un «simple raid sur un village», mais plutôt d'un «plan visant à déclencher une guerre», cela a également été ignoré par la chaîne de commandement israélienne.
Ce ne sont pas seulement les services de renseignement israéliens qui ont averti d'une attaque imminente. Menachem Gida, chef d'une équipe de 26 amateurs israéliens qui surveillaient régulièrement le réseau de communication de Gaza, a averti à plusieurs reprises l'armée israélienne d'une attaque probable. Ils en discutaient ouvertement sur leur groupe WhatsApp «Field Security Operational Monitor». Les civils auraient informé l'armée israélienne, dans les jours précédant l'attaque, que le Hamas «s'entraînait à franchir la barrière et à arriver par la mer, à conquérir des kibboutzim tels que Zikim, Netiv Ha'asara et Nir Oz, à prendre des otages et à tout détruire».
Yifat Ben Shoshan, une habitante de Netiv HaAsara et guide touristique pour les villes et les kibboutzim israéliens à la frontière avec Gaza, a été interviewée par la station de radio Kan 11 quelques jours avant l'attaque du Hamas. Elle a déclaré :
«J'espère que le Hamas ne prépare pas un deuxième Yom Kippour. (...) Depuis des années, ils améliorent progressivement leurs capacités, en particulier leur système de roquettes. Et ils s'entraînent depuis des semaines juste à la frontière, parfois en grand nombre. J'ai essayé d'avertir les officiers, mais ils m'ont répondu que je ne savais rien et que j'étais en sécurité».
Shoshan a reconnu que le 50ème anniversaire de la guerre du Yom Kippour (6 octobre 1973), lorsque l'Égypte et la Syrie ont lancé une attaque «surprise» contre Israël, revêtait une importance symbolique particulière pour le Hamas et représentait un moment de risque accru. Pourtant, nous dit-on, aucun responsable israélien n'a réussi à faire ce saut mental.
Au lieu de cela, la décision a été prise de concentrer 25 bataillons de l'armée israélienne en Cisjordanie et de n'en laisser que quatre pour garder Gaza pendant la période anniversaire. Le 5 octobre 2023, deux compagnies de commandos d'élite ont été transférées de Gaza en Cisjordanie, ne laissant que 600 soldats réguliers de l'armée israélienne (conscrits) dispersés le long de la frontière gazaouie.
La politique consistant à armer les colons israéliens est censée leur permettre de se défendre contre les attaques «terroristes», plutôt que de tuer des Palestiniens non armés, comme cela semble souvent être le cas, en particulier en Cisjordanie. Pourtant, au cours des années et des mois qui ont précédé l'attaque du Hamas, des civils vivant à la frontière de Gaza, tels que le coordinateur local de la sécurité Rafi Babian, avaient vigoureusement protesté contre le programme de l'armée israélienne visant à retirer les armes des communautés frontalières du sud.
Comme l'a noté le CTR de West Point, les agents de l'unité 8200 de l'AMAN opérant dans la division de Gaza ont donné des avertissements très précis sur l'attaque imminente du Hamas, allant jusqu'à estimer avec précision le nombre d'otages qu'ils prévoyaient de prendre. Les observateurs militaires et civils, notamment ceux de la salle d'observation de Nahal Oz, avaient manifestement signalé une activité croissante du Hamas. Une agente de l'unité 8200 a envoyé un e-mail à ses supérieurs trois semaines seulement avant l'attaque, dans lequel elle disait :
«L'épée approche (...) prévenez la population. (...) L'autre camp est déterminé à mener à bien son plan. Si ce plan est mis en œuvre, des combats douloureux et difficiles sont à prévoir».
Les responsables du gouvernement israélien ont nié avoir reçu des alertes des services de renseignement égyptiens trois jours avant l'attaque du Hamas. Après l'attaque, cela a conduit le ministre égyptien du Renseignement à déclarer :
«Nous les avons avertis [les services de renseignement israéliens] qu'une explosion de la situation était imminente, et qu'elle serait importante. Mais ils ont sous-estimé ces avertissements».
«Sous-estimé» semble être un code diplomatique pour «complètement ignoré».
Toutes ces informations expliquent peut-être pourquoi, la veille de l'attaque du Hamas, le chef d'état-major de l'armée israélienne Herzi Halevi, le directeur du Shin Bet Ronen Bar et Aharon Haliva, chef des services de renseignement militaire, se sont réunis pour discuter des raisons de la mobilisation du Hamas. Mais peut-être que cela n'explique rien, car ils n'ont alerté personne, n'ont pas cherché à renforcer les défenses israéliennes et n'ont pris absolument aucune mesure de précaution.
Au cours des semaines qui ont précédé l'attaque du Hamas, de quels «indicateurs supplémentaires» les chefs des services de renseignement ou les commandants militaires israéliens avaient-ils besoin pour demander le renforcement des défenses régionales ? Au lieu de cela, le processus d'affaiblissement s'est poursuivi.
Le journal israélien Haaretz a écrit :
«L'armée israélienne et le Shin Bet n'avaient reçu aucune information indiquant l'intention du Hamas d'envahir Israël en grand nombre. Le commandement sud a même autorisé le transfert en Cisjordanie de trois bataillons qui opéraient dans le secteur, afin de renforcer les troupes présentes pendant les vacances».
Aucune alerte des services de renseignement ?
Haaretz a ajouté que le jour de l'attaque, «le commandement sud et le régiment de Gaza se sont complètement effondrés», précisément parce qu'il n'y avait «pas assez de troupes dans le secteur pour se déployer». Il semble que le petit groupe de soldats restants, dont beaucoup étaient des femmes, et les colons israéliens de la région aient été laissés pratiquement sans défense au pire moment.
Mais les prétendues «défaillances» des services de renseignement ne s'arrêtent pas là. Au cours des années qui ont précédé l'attaque du Hamas, les capacités de renseignement israéliennes au-dessus et à l'intérieur de Gaza étaient impressionnantes. Israël dispose d'une flotte de satellites lui permettant de surveiller Gaza depuis l'espace. Les systèmes SAR Ofek-13 lui permettaient de voir les Gazaouis par tous les temps et dans toutes les conditions de nébulosité, de jour comme de nuit, avec une résolution au sol de 0,5 m².
Les drones Hermes 900, équipés de capteurs électro-optiques (EO) et infrarouges (IR), de moniteurs de surveillance thermique, de dispositifs de désignation laser et d'écoute électronique, ne sont qu'un exemple parmi d'autres des systèmes de drones israéliens déployés au-dessus de Gaza avant l'attaque du Hamas. Le système de drones Cyclone a été utilisé à la fois pour l'espionnage et le contrôle des foules. En 2021, Israël a été le premier pays à déployer un essaim de drones contrôlés par l'IA pour localiser, identifier et attaquer ses ennemis. La surveillance par drones de Gaza par Israël était si omniprésente que les Gazaouis se sont plaints de privation de sommeil en raison du «bourdonnement» persistant dans le ciel au-dessus de leurs têtes.
Les capacités d'Israël en matière de guerre cybernétique et électronique étaient tout aussi complètes. En 2021, le gouvernement américain a interdit l'utilisation commerciale du logiciel espion Pegasus, développé par le sous-traitant israélien NSO. Ce logiciel était capable de pirater pratiquement n'importe quel appareil connecté à Internet, en particulier les téléphones portables, grâce à diverses vulnérabilités logicielles. Pegasus pouvait collecter des données personnelles et de localisation, contrôler les microphones et les caméras des téléphones portables à l'insu et sans l'autorisation de l'utilisateur, et transmettre des données même après que l'utilisateur ait éteint son téléphone.
Les capacités de renseignement humain (sur le terrain - HUMINT) d'Israël étaient tout aussi redoutables. Le HUMINT du Shin Bet a permis à l'armée israélienne d'intercepter et de fermer fréquemment les tunnels frontaliers du Hamas. L'infiltration par le Shin Bet du réseau souterrain littéral du Hamas était si exhaustive, et le Hamas si déstabilisé, que ce dernier a recouru à des exécutions massives d'espions présumés et de collaborateurs potentiels. L'unité antiterroriste Mista'arvim du Shin Bet et l'unité d'élite Maglan de l'armée israélienne ont pu mener des assassinats ciblés et de nombreuses autres opérations d'espionnage et de surveillance à l'intérieur de Gaza.
En plus de tout cela, les Palestiniens étaient les personnes les plus surveillées et les plus fouillées de la planète. Toute personne entrant ou sortant de Gaza était soumise au système «Blue Wolf». Une pièce d'identité biométrique, contrôlée par un logiciel de reconnaissance faciale, combinée à des permis d'entrée et de sortie strictement contrôlés, était requise aux postes de contrôle armés qui constituaient le seul moyen officiel d'entrer et de sortir de Gaza. Le système «Blue Wolf» enregistrait chaque mouvement sur ce que les agents des services de renseignement israéliens appelaient « Facebook pour les Palestiniens». L'espionnage israélien des Palestiniens était si étendu et intrusif qu'en 2014, d'anciens membres de l'unité 8200 d'Israël ont écrit une lettre commune au gouvernement israélien pour protester contre cette surveillance oppressive.
Toutes ces données issues de la surveillance électronique et du renseignement humain étaient examinées par l'unité 9900 de l'armée israélienne. L'unité de collecte de renseignements sur le champ de bataille spécifique à Gaza a analysé les données recueillies avant de déployer des unités de sa division Gaza, sous le commandement sud de l'armée israélienne, pour frapper le Hamas et d'autres cibles «terroristes».
Il n'existe absolument aucune preuve suggérant que les autorités israéliennes aient décidé d'arrêter la collecte de renseignements par satellite, cyber, SIGINT et HUMINT à Gaza, autour et au-dessus de Gaza dans les années qui ont précédé l'attaque du Hamas. Si l'on en croit le discours officiel sur les «échecs» des services de renseignement, alors ceux-ci ont dû «échouer» complètement... pendant des années.
Ali Baraka, responsable des relations extérieures du Hamas, a déclaré que les préparatifs de l'attaque du Hamas avaient duré deux ans. Compte tenu de la complexité et de l'ampleur de l'attaque du Hamas, cela semble raisonnable. Si tel est le cas, cela implique que, pendant deux ans, les commandants du Hamas - la plupart de ses dirigeants vivaient à Doha, mais des commandants comme Mohammed Deif opéraient à l'intérieur de Gaza - se sont réunis pour élaborer et communiquer les plans du Hamas selon les besoins. Le Hamas a émis les ordres correspondants, rassemblé, formé et équipé ses forces, rassemblé et stocké les munitions et l'équipement nécessaires à l'assaut à grande échelle et a réussi à faire tout cela sans déclencher une seule alerte des services de renseignement israéliens.
Ce qui est encore plus remarquable, c'est qu'immédiatement après l'attaque du Hamas, l'emprise quasi totale des services de renseignement israéliens sur tout ce qui bouge à Gaza a soudainement recommencé à fonctionner. Le 11 novembre 2023, des agents du Shin Bet se trouvaient en plein cœur du territoire du Hamas, dirigeant les frappes de l'armée israélienne et coordonnant les assassinats. Il semble que la monstrueuse machine du renseignement israélien n'ait échoué totalement - à tous les égards imaginables - que dans le cas de l'attaque du Hamas du 7 octobre.
En comparaison, le Hamas n'aurait pas subi de tels échecs catastrophiques en matière de renseignement. Il aurait apparemment utilisé des drones bon marché, probablement achetés sur Amazon, pour établir des cartes assez précises et recueillir des informations sur les cibles de son attaque du 7 octobre. En faisant voler ses petits drones au-dessus d'installations militaires israéliennes hautement sensibles pendant des jours, avec facilité, il a également recueilli des renseignements humains auprès d'ouvriers israéliens qui passaient de part et d'autre de la frontière de Gaza, sans qu'aucun agent des services de renseignement israéliens ne songe à demander à ces ouvriers ce dont ils discutaient avec le Hamas. C'est du moins ce qu'on nous dit.
Il semble donc que le Hamas espionnait sans retenue les cibles militaires israéliennes et s'entraînait en grand nombre à côté du mur, au grand jour. Les civils israéliens vivant près de la frontière avec Gaza savaient qu'une attaque était probable, voire imminente, et l'ont dit ; de nombreux agents des services de renseignement israéliens ont émis des alertes très précises ; les agences de renseignement étrangères savaient ce qui allait se passer et en ont informé les responsables du gouvernement israélien ; le gouvernement israélien disposait d'un dossier décrivant le plan précis (le mur de Jéricho) et le Hamas a même diffusé une vidéo montrant ses membres s'entraînant à exécuter ce plan quelques semaines avant de le mettre à exécution.
De plus, les Gazaouis étaient surveillés sans relâche, leurs mouvements étaient contrôlés et surveillés. Des agents des services de renseignement travaillaient manifestement à l'intérieur de Gaza, qui était soumise à une surveillance intense et permanente grâce à un arsenal presque incroyable de satellites espions, de drones, de micros, de cyber-surveillance et à toute une panoplie d'outils SIGINT israéliens.
Mais l'attaque du Hamas a été une surprise totale et aucune autorité israélienne n'était prête à s'y défendre.
L'une des excuses avancées, manifestement dans l'espoir d'expliquer ces «échecs» inexplicables, est que la dépendance excessive d'Israël à l'égard de la technologie et de l'IA l'a conduit à sous-estimer les informations recueillies par les services de renseignement humains traditionnels (HUMINT). Cet argument n'est pas plausible.
La grande majorité des preuves montrent que ni les services de renseignement israéliens basés sur la surveillance technologique ni les services de renseignement humains n'étaient défaillants. Il n'y a pas eu d'«échec» dans la collecte de renseignements humains. Les agents de renseignement, les observateurs militaires et même les volontaires civils savaient ce qui se passait et ont fait tout leur possible pour donner l'alerte.
Il n'y a que deux explications plausibles. Soit tout ce que l'on sait sur les capacités des services de renseignement israéliens est faux et ceux-ci sont en réalité pire qu'inutiles, soit des décisions ont été prises à haut niveau pour ignorer délibérément les avertissements des services de renseignement.
Comme nous le verrons dans la troisième partie, la manière dont les forces israéliennes ont réagi ce jour-là ne fait que renforcer les preuves indiquant que l'attaque du Hamas du 7 octobre était, du point de vue israélien, au minimum une opération sous faux pavillon LIHOP, qui semble avoir dérivé vers une opération MIHOP à plusieurs reprises.
source : Iain Davis via Marie-Claire Tellier